Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée

de clarté ; par où, démentes lucides, elles continuent de s’analyser au plus fort de leurs agitations, et qui revêt d’harmonieuse beauté leurs désordres les plus furieux : au point qu’on ne sait si on a peur de ces femmes ou si on les adore !

Les tragédies de Racine, c’est de l’humanité intense.


Vérité.

Et c’est de l’humanité vraie.

On l’a répété des milliers de fois, mais il faut bien encore le redire : Si l’on fait abstraction des noms royaux ou mythologiques, les situations, dans Racine, sont communes et prises dans le train habituel de la vie humaine. Une femme délaissée qui fait assassiner son amant par un rival (Andromaque) ; une femme trompée qui se venge et sur sa rivale et sur son amant (Bajazet) ; un amant qui se sépare de sa maîtresse pour un intérêt ou un devoir (Bérénice) ; la lutte entré deux frères de lits différents, ou entre une mère impérieuse et un fils émancipé (Britannicus) ; un père rival de ses deux fils (Mithridate) ; un père sacrifiant sa fille à un grand intérêt (Iphigénie) ; une jeune femme amoureuse de son beau-fils et le persécutant parce qu’il ne l’aime pas (Phèdre), voilà des choses qui se voient, notamment dans les « faits divers » ou dans les comptes rendus des tribunaux. Et vrais aussi, les personnages, et jusqu’au bout, jusqu’au suicide, jusqu’à la trahison et au meurtre, jusqu’à