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roi était gai et facile, quand il n’était pas du tout l’idole ennuyée qu’il devint peu à peu. Au reste, en 1687 encore, Racine écrivait à Boileau :

Vous ne sauriez croire combien cette maison de Marly est agréable ; la cour y est, ce me semble, tout autre qu’à Versailles. Le roi même y est fort libre et caressant.

Vous vous rappelez aussi que le roi, avec son très grand goût, et très sûr, avait toujours été le défenseur de Racine ; qu’il avait accepté la dédicace d’Alexandre, qu’il avait, contre l’erreur du public, défendu et relevé les Plaideurs et Britannicus ; que quelques vers de Britannicus l’avaient fait renoncer à la danse ; qu’il avait souffert et même goûté, dans Bérénice, de secrètes allusions à un épisode de sa vie sentimentale ; enfin qu’il comblait Racine de ses dons et de ses faveurs. Racine était de tous les Marly ; avait un appartement à Versailles ; entrait quand il le voulait au lever du roi, — à la grande surprise de l’huissier Rousseau, « qui avait toujours envie de me fermer la porte au nez », écrit-il à son fils Jean-Baptiste (25 avril 1691).— Saint-Simon nous dit :

Cet emploi (celui d’historiographe), ces pièces dont je viens de parler (Esther et Athalie), ses amis lui acquirent des privances. Il arrivait même quelquefois que, le roi n’ayant point de ministres chez madame de Maintenon, ils envoyaient chercher Racine pour les amuser.

Et d’autres fois le roi le faisait venir pour lui faire la lecture. Même, en 1696, pendant une maladie