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Il était ami de Vauban et, très probablement, connaissait et partageait les idées de l’auteur de la Dîme Royale (1707). Quand il écrivait ce vers :

Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge,

il en concevait tout le sens.

Chose à remarquer, nous le voyons très discret sur la révocation de l’Édit de Nantes.— La séance de réception de Bergeret et de Thomas Corneille à l’Académie avait eu lieu quelques mois seulement avant cette révocation que tout le monde prévoyait. Or Bergeret, dans son discours, louait dans le roi « un zèle pour la religion qui fait chaque jour de si grands progrès » . Et Thomas Corneille, venant à l’éloge de Louis XIV, disait à Racine : « Vous parlerez… de ce zèle ardent et infatigable, qui lui fait donner ses plus grands soins à détruire entièrement l’hérésie et à rétablir le culte de Dieu dans toute sa pureté. » Racine, dans sa réponse, ne répondit point à cette invitation : non pas, j’imagine, qu’il blâmât le projet du roi, ni qu’il ne comprît, comme le roi et toute la France d’alors, le bienfait de l’unité religieuse… Mais qui sait s’il ne se souvenait pas de ces huguenots d’Uzès qui, seuls, lisaient les Provinciales et avaient de jolies filles ? … Et surtout il songeait qu’il était lui-même l’ami, et qui ne s’en cachait point, d’autres persécutés. Il est bon pour un chrétien d’être lié personnellement avec quelques hétérodoxes…

Cela n’empêcha point Racine de louer le roi