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qui étaient dans les premières places, si on avait soin de la leur faire connaître. Il s’anima sur cette réflexion ; et comme dans les sujets qui l’animaient il entrait dans cet enthousiasme dont j’ai déjà parlé, qui lui inspirait une éloquence agréable, il charma madame de Maintenon, qui lui dit que, puisqu’il faisait des observations si justes sur-le-champ, il devrait les méditer encore et les lui donner par écrit, bien assuré que l’écrit ne sortirait pas de ses mains. Il accepta malheureusement la proposition, non par une complaisance de courtisan, mais parce qu’il conçut l’espérance d’être utile au public. Il remit à madame de Maintenon un mémoire aussi solidement raisonné que bien écrit. Elle le lisait, lorsque le roi, entrant chez elle, le prit, et après en avoir parcouru quelques lignes, lui demanda avec vivacité qui en était l’auteur. Elle répondit qu’elle avait promis le secret. Elle fit une résistance inutile : le roi expliqua sa volonté en termes si précis, qu’il fallut obéir. L’auteur fut nommé.

Vous savez le reste du récit ; le mot du roi : « Parce qu’il sait faire parfaitement les vers, croit-il tout savoir ? et parce qu’il est grand poète, veut-il être ministre ? » Madame de Maintenon éplorée, et évitant Racine ; le rencontrant un jour dans le jardin de Versailles et lui promettant de tout arranger ; puis, le bruit d’une calèche : « C’est le roi qui se promène, s’écria madame de Maintenon, cachez-vous. » Il se sauva dans un bosquet. Dès lors sa santé s’altéra tous les jours. Etc..

Des critiques très sûrs d’eux-mêmes ont voulu que ce Mémoire sur les souffrances du peuple ait été confondu par Louis Racine avec un autre