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il écrivit cet Abrégé de l’Histoire de Port-Royal, qui est une merveille de limpidité et d’élégance sévère. Il recommençait dans les jardins de Port-Royal-des-Champs les promenades de son enfance. Tous les ans il y menait sa famille à la procession de la Fête-Dieu. Lorsque le cœur d’Arnauld fut rapporté à Port-Royal, Racine fut, parmi les amis du dehors, le seul qui ne craignît pas d’assister à la cérémonie. Il voulut, vous vous en souvenez, être enterré dans le cimetière des Champs, aux pieds de la tombe de M. Hamon, le plus humble de ses anciens maîtres. De bonne heure, je vous l’ai dit, il s’abstint, lorsqu’il était à la cour, d’aller à l’opéra et à la comédie, et il ne craignait point de déplaire par ce scrupule.— Seulement, voilà ! il avait l’imprudence d’aimer le roi !


Vous connaissez le récit de Louis Racine, de ce Louis Racine, dévot et solitaire dans le siècle, maussade, malheureux, d’une tristesse vraiment janséniste, mais qui a écrit, dans ses poèmes de la Religion et de la Grâce, les plus beaux vers de philosophie religieuse, et une prière presque sublime : Les Larmes de la Pénitence.

Madame de Maintenon, dit Louis Racine, qui avait pour lui une estime particulière, ne pouvait le voir trop souvent, et se plaisait à l’entendre parler de différentes matières, parce qu’il était propre à parler de tout. Elle l’entretenait un jour de la misère du peuple : il répondit qu’elle était une suite ordinaire de longues guerres ; mais qu’elle pourrait être soulagée par ceux