Louis-le-Grand, dans une cérémonie scolaire, avait examiné (en latin) cette double question : Racinius an christianus ? an pœta ? et conclu que Racine n’était ni chrétien ni poète. À ce sujet Racine écrit à Boileau (4 avril 1696) :
… Pour mes tragédies, je les abandonne volontiers à sa critique. Il y a longtemps que Dieu m’a fait la grâce d’être assez peu sensible au bien et au mal qu’on en peut dire, et de ne me mettre en peine que du compte que j’aurai à lui en rendre quelque jour…
Il prépare soigneusement son histoire du roi, mais il a renoncé à la littérature d’imagination. Ce n’est que par accident et dans une pensée d’édification qu’il écrit pour les demoiselles de Saint-Cyr les quatre Cantiques spirituels, si harmonieux et si purs, et qu’il revoit ses souples traductions des hymnes du Bréviaire romain, ces charmantes hymnes pour Matines, pour Laudes, pour Vêpres, etc…, où le rapport de chaque prière avec l’heure du jour est si gracieusement indiqué, et où l’on dirait que pénètre un peu de la nature, comme un rayon de soleil qui vient tomber sur le tabernacle ou comme une branche de feuillage aperçue par le vitrail entr’ouvert :
Tandis que le sommeil, réparant la nature, Tient enchaînés le travail et le bruit, Nous rompons ses liens, ô clarté toujours pure, Pour te louer dans la profonde nuit…
L’oiseau vigilant nous réveille, etc…
Un peu auparavant, Corneille, meurtri lui aussi,