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leçons dont il avait nourri sa nichée de colombes, il était sans le vouloir le vrai prêtre de ce sacrifice.

De très petites choses, souvent, révèlent la qualité d’une âme. Un jour (3 avril 1691), Racine, historiographe du roi, ayant assisté à un assaut devant Mons, écrit à Boileau :

J’ai retenu cinq ou six actions de simples grenadiers, dignes d’avoir place dans l’histoire, et je vous les dirai quand nous nous reverrons… Je voyais l’attaque tout à mon aise, d’un peu loin à la vérité ; mais j’avais de fort bonnes lunettes, que je ne pouvais presque tenir fermes, tant le cœur me battait à voir tant de braves gens dans le péril.

Une fois (5 octobre 1692), il veut offrir les Fables de La Fontaine à son fils aîné qui est encore au collège :

On ne trouve, écrit-il de Fontainebleau, les Fables de M. de La Fontaine que chez M. Thierry ou chez M. Barbin. Cela m’embarrasse un peu, parce que j’ai peur qu’il ne veuille pas prendre de mon argent. Je voudrais que vous en pussiez emprunter (un exemplaire des Fables) à quelqu’un jusqu’à mon retour. Je crois que M. Despréaux les a, et il vous les prêterait volontiers ; ou bien votre mère pourrait aller avec vous sans façon chez M. Thierry et les lui demander en les payant.

Sa renonciation au théâtre est totale. Non seulement il n’écrit plus de pièces, mais il ne va plus à la comédie, même à la cour, peut-être pour n’être pas tenté, mais surtout par scrupule religieux. Continuellement il détourne Jean-Baptiste d’aller au théâtre. Un jeune régent du collège