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scène, les représentations d’Esther n’avaient pas été bonnes aux demoiselles de Saint-Cyr. Les applaudissements, les compliments démesurés qu’on leur faisait, la présence des plus brillants gentilshommes de la cour, même quelque inévitable familiarité avec les chanteuses de la musique du roi que l’on mêlait aux demoiselles pour fortifier les chœurs, tout cela les avait affolées… On le reprocha à madame de Maintenon. Et Athalie ne fut jouée, du vivant de Racine, que dans la chambre de cette dame, sans costumes, sans décors, et ne fit aucun bruit.

À la vérité, si madame de Maintenon étouffa Athalie, ce fut moins pour protéger l’innocence des demoiselles de Saint-Cyr que parce que Racine lui était devenu suspect par ses amitiés jansénistes[1]. Et la preuve, c’est que, Racine écarté, la fameuse éducatrice s’obstina, pendant des années encore, à faire jouer la comédie aux élèves de la sainte maison. De Racine, elle se rabattit tranquillement— et sans bien en voir la différence— sur le vieux Boyer, qui fit pour Saint-Cyr une tragédie de Jephté, inepte et inconsciemment indécente, puis sur Duché qui lui fournit un Jonathan et un Absalon. Et, après l’inévitable excitation de ces divertissements, elle faisait apprendre à ces petites filles un bizarre et imprudent Poème de la virginité (d’un auteur

  1. Voir l’article de Gazier dans la Revue hebdomadaire du 18 janvier 1908.