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cour. On cherchait les allusions (à madame de Montespan, à madame de Maintenon, à Louvois, à Port-Royal), et on en découvrait auxquelles Racine n’avait pas pensé. Bossuet assista à la « première » . Le roi lui-même « se mettait à la porte de la salle et, tenant sa canne haute pour servir de barrière, il demeurait ainsi jusqu’à ce que tous les invités fussent entrés. Alors il faisait fermer la porte » . Cette fois, la glace de madame de Sévigné pour Racine se fondit :

Je ne puis vous dire l’excès de l’agrément de cette pièce : c’est une chose qui n’est pas aisée à représenter et qui ne sera jamais imitée : c’est un rapport de la musique, des vers, des chants, des personnes, si parfait et si complet qu’on n’y souhaite rien, etc.

Racine fut repris. Il avait eu de vifs plaisirs pendant les répétitions, où il tamponnait, avec son mouchoir, les yeux des petites filles que ses observations avaient fait pleurer. Après le triomphe si spécial, si joli, si grisant de la pièce, il eût été surprenant qu’il s’en tînt à Esther.

Il fit Athalie. Mais, dans l’intervalle, il s’était plus clairement rendu compte de ce qu’il pouvait et voulait faire de nouveau. Il avait écrit Esther pour les demoiselles de Saint-Cyr : il écrivit Athalie pour lui-même.

Il disait dans la préface d’Esther :

J’entrepris donc la chose, et je m’aperçus qu’en travaillant sur le plan qu’on m’avait donné (c’est-à-