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cette pauvre malheureuse refuse de renoncer à la comédie.

Et quelques jours après :

Le pauvre M. Boyer est mort fort chrétiennement ; sur quoi je vous dirai en passant que je dois réparation à la mémoire de la Champmeslé, qui mourut aussi avec d’assez bons sentiments, après avoir renoncé à la comédie, très repentante de sa vie passée, mais surtout fort affligée de mourir : (24 juillet 1696.)

On s’est étonné et un peu indigné de cet : « en passant » . On oubliait, entre autres choses, que Racine écrivait cela à son fils aîné, alors âgé de dix-neuf ans.

En somme, les désordres de Racine, tout en étant de ceux qu’un véritable chrétien doit pleurer, ne paraissent avoir eu rien d’exorbitant.

Mais je dois tout vous dire et qu’il y eut dans sa vie une heure mystérieuse et tragique, suivie d’une heure d’épouvante.

Un peu plus d’un an après qu’il eut pris sa retraite, éclata l’ « Affaire des poisons » . Le 21 novembre 1679, la principale accusée, la Voisin, déclara que la Du Parc, dont elle était la bonne amie depuis quatorze ans, « devait » avoir été empoisonnée par Racine. Voici d’ailleurs, sur ce point, la partie essentielle de l’interrogatoire de la Voisin, d’après le procès-verbal (Frantz Funck-Brentano : le Drame des poisons) :

De Gorle (belle-mère de la Du Parc) lui a dit (à la Voisin) que Racine, ayant épousé secrètement la Du