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pour tant de bouteilles de Champagne qu’il a bues chez lui, vous savez aux dépens de qui. » Car Champmeslé, le mari, était de ces « diableries » . Racine avait dans cet amour bien des concurrents, tous heureux. Il n’était que le préféré, et s’en contentait… Il faisait souvent au mari de grosses plaisanteries. On connaît l’amusante et cynique épigramme, qui est très probablement de Racine :

De six amants contents et non jaloux
Qui tour à tour servaient madame Claude,
Le moins volage était Jean son époux.
Un jour pourtant, d’humeur un peu trop chaude,
Serrait de près sa servante aux yeux doux,
Lorsqu’un des six lui dit : « Que faites-vous ?
Le jeu n’est sûr avec cette ribaude ;
Ah ! voulez-vous, Jeanjean, nous gâter tous ? »

(Je pense que vous comprenez : « Le jeu n’est sûr » et « nous gâter tous », et que vous donnez à ces mots tout leur sens.)

Évidemment l’amour de Racine pour la Champmeslé n’eut rien de tragique. On a donc bien tort de lui reprocher la tranquillité avec laquelle, dix-neuf ans plus tard, il parle— en chrétien et, si vous voulez, en dévot— des derniers moments et de la mort de son ancienne maîtresse.

M. de Rost m’apprit hier que la Chamellay était à l’extrémité, de quoi il me parut fort affligé ; mais ce qui est plus affligeant, c’est de quoi il ne se soucie guère apparemment, je veux dire l’obstination avec laquelle