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Robinet, dans sa gazette en vers du 15 décembre 1668, raconte les funérailles de la comédienne. Parmi

Les admirateurs de ses charmes Qui ne la suivaient pas sans larmes,

il n’oublie pas les poètes de théâtre,

Dont l’un, le plus intéressé, Était à demi trépassé.

C’est à n’en pas douter, Racine, qui est désigné ainsi.

Son amour pour la Champmeslé parait avoir été moins sérieux, quoiqu’il ait duré de 1670 à 1677. Elle n’était pas très jolie et n’avait pas la peau blanche (on tenait alors beaucoup à la blancheur de la peau) ; mais elle était bien faite et avait la voix la plus touchante. Je crois que Racine l’aima surtout à cause de cette voix qui rendait si pénétrantes les intonations qu’il lui avait serinées. Mais ce furent des amours plus joyeuses que profondes. « Il y a, dit madame de Sévigné qui savait les choses par son fils Charles, une petite comédienne, et les Despréaux et les Racine avec elle ; ce sont des soupers délicieux, c’est-à-dire des diableries. » (À madame de Grignan, 1er avril 1671.) Racine devait être l’amphitryon de ces soupers ; Boileau lui écrira plus tard (21 août 1687) : « Ce ne serait pas une mauvaise pénitence (il s’agit de boire du vin de Pantin) à proposer à M. Champmeslé,