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Ou bien :

… Ou plutôt leur hymen me servira de loi. S’il s’achève, il suffit, tout est fini pour moi. Je périrai, Doris, et par une mort prompte Dans la nuit du tombeau j’enfermerai ma honte, Sans chercher des parents si longtemps ignorés Et que ma folle amour a trop déshonorés…

Ou bien :

Orgueilleuse rivale, on t’aime, et tu murmures… Elle l’a vu pleurer et changer de visage, Et tu la plains, Doris !

Cette tragédie vraiment royale est d’ailleurs un chef-d’œuvre de composition— et de forme. Racine, je l’ai dit, accorde davantage à la couleur, à la magnificence mythologique. Le « récit du cinquième acte » est, pour la première fois, très développé et très travaillé. Il contient ces vers étonnants :

Entre les deux partis Calchas s’est avancé, L’œil farouche, l’air sombre et le poil hérissé… Le ciel brille d’éclairs, s’entr’ouvre, et parmi nous Jette une sainte horreur qui nous rassure tous

Nous arrivons à la merveille de Phèdre :

Phèdre et Hippolyte (c’est le premier titre) fut joué le 1er janvier 1677, près de deux ans et demi après Iphigénie. Racine avait-il fait autre chose pendant ces deux ans ? Je crois qu’il avait beaucoup songé, nous verrons à quoi.

Phèdre est la plus enivrante de ses tragédies Dans aucune il n’a mis plus de paganisme ni plus