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privé et un intérêt public— est par excellence la « tragédie royale », et à quel point lui convenait le décor décrit par le Mercure galant. Et vous comprendrez aussi pourquoi, tandis qu’Euripide avait fait d’Iphigénie une jeune fille, d’abord faible, puis exaltée, Racine en fait exclusivement une fille de roi, une princesse, et qui a d’autres devoirs que ceux d’une jeune fille, et qui, d’emblée, accepte la mort par obéissance à son père et par dévouement à la grandeur de sa maison.

Racine, cependant, devait être tenté par la seconde partie, si brillante, du rôle d’Iphigénie dans Euripide, quand la jeune fille apparaît et se considère elle-même comme une héroïne nationale :

Je suis condamnée à mourir glorieusement, en repoussant loin de moi toute faiblesse. C’est sur moi qu’en ce moment toute la Grèce a les yeux fixés, et c’est de moi que dépendent le départ de la flotte et la ruine de Troie.

Puis la note philosophique, qui ne manque jamais chez Euripide :

Dois-je tenir tant à la vie ? C’est pour l’intérêt commun que tu me l’as donnée, ma mère, non pour toi seule…

Et enfin :

Je donne mon sang à la Grèce ; immolez-moi, allez renverser Troie. Voilà les monuments éternels de mon sacrifice, voilà mes enfants, mon hymen, ma gloire.

Oui, cela était bien tentant. Mais Racine a