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de Monime dans la Princesse de Clèves, et des femmes de Racine en général dans la Princesse de Montpensier et, dans la Comtesse de Tende, ce petit récit d’un tragique si fort et si contenu.)

À la vérité, le drame privé qui se joue entre Mithridate, Monime et Xipharès fait un peu tort, selon moi, à la tragédie historique, à l’histoire de Mithridate ennemi des Romains, préméditant de porter la guerre en Italie, et finalement léguant sa vengeance à Xipharès. Oh ! cette partie historique et politique est fort belle. C’est, dans son genre, tout aussi bien que du Corneille : mais le drame privé est encore mieux. Je dois dire toutefois que c’est peut-être ce qu’il y a dans Mithridate d’histoire, de politique et de « casque » qui plut davantage en son temps. Le succès de la pièce fut considérable et incontesté, et Racine eut, cette fois, ce que nous appellerions « une très bonne presse » .

Que va-t-il faire maintenant ?


Racine, qui aime tant les poètes grecs et qui les connaît si bien, ne leur a pas emprunté un seul sujet depuis Andromaque. Il avait suivi Corneille dans le monde romain. Mais à présent, il ne craint plus Corneille qui est en train d’écrire sa dernière tragédie (Suréna). Racine peut faire ce qu’il veut. Évidemment il va revenir à ses chers Grecs.

Il y revient. Mais pourtant deux années s’écoulent entre la première représentation de Mithridate et celle d’Iphigénie. Qu’a-t-il fait pendant ce