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la vérité un peu fier, de sa race et bouillant comme un jeune homme, mais discret, poli, du meilleur ton, respectueux pour les captives… leur demandant permission pour se présenter devant elles, tellement qu’à la fin il ôte son chapeau à plumes et leur offre galamment le bras pour les mettre en liberté… Une des causes de l’amour d’Iphigénie, c’est qu’Achille est de meilleure maison qu’elle ( ? ) ; elle est glorieuse d’une telle alliance : vous diriez une princesse de Savoie ou de Bavière, qui va épouser le dauphin de France.

Il y a du vrai, un peu. Racine, en faisant parler ou de légendaires héros d’il y a trois mille ans, ou, comme dans Mithridate, des rois à demi barbares d’il y a deux mille ans, leur a prêté quelque chose du langage, des sentiments et des manières qui passaient pour les plus nobles en son temps. Mais j’ajoute : « Pourquoi non ? » ou « Qu’est-ce que cela fait ? En quoi cela est-il si ridicule ? Est-ce que l’âme d’un gentilhomme accompli de la cour de Louis XIV ne peut pas être quelque chose de fort intéressant ? Est-ce que ses façons ne sont pas de fort belles façons, et qui supposent délicatesse morale, respect de la femme, fierté disciplinée, maîtrise de soi ? » Mais, en réalité, il y a dans Racine une harmonieuse fusion de la noblesse et de l’élégance morales comme on les entendait au XVIIe siècle, avec l’allure et la grandeur héroïques comme elles nous sont présentées dans le théâtre grec. Racine mêle et combine l’humanité supérieure de l’antiquité avec l’humanité supérieure