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quantité de personnes à la cour qui se souviennent de les lui avoir entendu conter lorsqu’il fut de retour en France » .

Et dans la deuxième préface :

M. de Cézy fut instruit des amours de Bajazet et de la sultane. Il vit plusieurs fois Bajazet à qui on permettait de se promener quelquefois à la pointe du sérail, sur le canal de la mer Noire. M. le comte de Cézy disait que c’était un prince de bonne mine.

Ce Cézy paraît avoir été un homme à aventures. L’historien anglais Ricaut, ambassadeur extraordinaire auprès de Mahomet IV, parle de la « vanité et de l’ambition qu’avait, comme on le dit, le comte de Cézy de faire la cour aux maîtresses du Grand Seigneur qui sont dans le sérail : ce qu’il ne pouvait faire qu’en donnant des sommes immenses aux eunuques » . Et c’est pour cela, paraît-il, qu’il était criblé de dettes.

Ainsi Racine put entendre raconter à Nantouillet, d’après Cézy, non seulement l’histoire de Bajazet et de Roxane, mais les aventures de Cézy lui-même, ses rencontres avec les femmes du harem, et mille particularités secrètes des mœurs turques. Et Racine en put retenir tout ce qu’il lui fallait pour son dessein.


Cézy, nous dit Racine, avait raconté la chose « à quantité de personnes » . Segrais en était. Il est extrêmement curieux de comparer ce que Segrais avait fait du récit de l’ambassadeur dans une