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entre l’aventure de Bérénice et ce que vous savez peut-être qu’on a dit de moi dans un temps, — eh bien, je me ressouviendrai… et cela m’attendrira…

Sur cette Henriette, madame de La Fayette a écrit un petit livre d’où il ressort : primo qu’elle avait l’esprit romanesque et aventureux et qu’elle aimait le danger ; et secundo qu’elle était charmante, justement parce qu’elle avait été malheureuse.

La reine, sa mère, dit madame de La Fayette, s’appliquait tout entière au soin de son éducation, et le malheur de ses affaires la faisant vivre plutôt en personne privée qu’en souveraine, cette jeune princesse prit toutes les lumières, toute la civilité et toute l’humanité des conditions ordinaires.

Et encore :

… Il y avait une grâce et une douceur répandues dans toute sa personne qui lui attiraient une sorte d’hommage gui lui devait être d’autant plus agréable qu’on le rendait plus à la personne qu’au rang.

Bossuet a eu certainement un faible pour elle. Elle s’était adressée à lui dans les derniers mois de sa vie, quand elle avait voulu devenir une chrétienne sérieuse ; et c’est lui qui l’avait assistée à l’heure de la mort. Des sept personnes (en comptant Nicolas Cornet) dont Bossuet a fait l’oraison funèbre, elle est la seule pour qui il ait eu une affection personnelle et vive, et l’on peut dire de la tendresse. Ce sentiment fait de l’oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre un chef-d’œuvre très