ce jeu.— Mais la tristesse et les occupations ont des trêves.— Cela, dit-on encore, n’était point trop charitable pour Corneille.— Mais, après tout, Corneille aussi pouvait faire un chef-d’œuvre. Et si Henriette a secrètement espéré que non, c’est sans doute qu’elle était un peu froissée par la façon dont Corneille et ses amis avaient traité Britannicus.
Voltaire affirme qu’Henriette, en indiquant à Racine le sujet de Bérénice, se souvenait de sa propre aventure avec le roi, et désirait que Racine s’en souvînt. Cela n’est pas tout à fait impossible, bien que, sauf la donnée très générale d’un amour combattu par le devoir, il y ait peu de rapport entre l’histoire de Bérénice et de Titus et celle d’Henriette et du roi son beau-frère. Disons plutôt qu’en proposant ce sujet à Racine, Henriette se souvenait un peu d’elle-même, et davantage de Marie Mancini et du premier amour de Louis XIV. Henriette avait été l’amie d’enfance de Marie et était restée très liée avec elle. Or, après la mort de Mazarin, Louis XIV revit souvent Marie chez sa sœur Olympe, à l’hôtel de Soissons, et Henriette assista plusieurs fois à ces rencontres. Il est fort possible qu’elle ait entretenu Racine de ces détails et qu’elle ait ajouté : — Allez, racontez-nous cette jolie histoire de Bérénice… Ne cherchez pas les allusions, mais ne les craignez pas trop… Cela ne déplaira pas au roi : je le connais… Et moi-même, — quoiqu’il n’y ait pas grande ressemblance