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le roi renonça dès lors à paraître dans les ballets de la cour. Le fait est raconté par Louis Racine, confirmé par une lettre de Boileau, et n’est point démenti par l’édition des Amants magnifiques, où le roi figure parmi les danseurs, car nous savons d’autre part que le roi, qui devait y danser et qui avait étudié son rôle, ne dansa point. Il ne dansa plus, encore que les danses de la cour ressemblassent peu au cancan et fussent solennelles comme des liturgies. Et il laissa dire que, s’il ne dansait plus, c’était à cause des vers de Racine ; et il est bien probable qu’il le dit quelque jour à Racine lui-même, avec cette bonne grâce qu’il avait quand il le voulait. Je note tout cela : car, songez-y, quels sentiments l’ardent Racine devait-il éprouver pour un roi charmant qui l’avait soutenu dès ses débuts, qui avait sauvé deux de ses pièces, et que quelques vers de lui avaient empêché de danser !

Cependant, Saint-Évremond avait, comme d’habitude, dans une lettre à M. de Lionne, donné son avis sur la pièce nouvelle, et, naturellement, son avis était défavorable. Il commençait bien par dire (et l’éloge ne paraît pas fort pertinent) :

Britannicus passe, à mon sens, l’Alexandre et l’Andromaque : les vers en sont plus magnifiques, et je ne serais pas étonné qu’on y trouvât du sublime.

Mais il ajoutait :

Je déplore le malheur de cet auteur d’avoir si dignement travaillé sur un sujet qui ne peut souffrir