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Et cependant, après le grand récit, Néron n’a fait que persifler. Mais elle n’a rien vu, rien compris. Il était bien clair pourtant que Néron se sentait d’avance absous par l’étonnante confession maternelle. Ah ! que ce récit donne bien la morale du drame ! Comme nous concevons bien, nous, par cette revue du passé d’Agrippine, que les crimes de la mère expliquent, appellent, nécessitent les crimes du fils, et qu’ils auront dans ceux-ci leur fructification naturelle et, à la fois, leur inévitable châtiment ! Et enfin, quelle perspective cela nous ouvre sur cette extraordinaire famille des Césars, sur cette famille de déments de la toute-puissance ! Quelle superbe toile de fond, si je puis dire à la tragédie de Racine !


Cette « toile de fond » remplace avantageusement, à mon avis, la « couleur locale » chère aux romantiques.

Car, il y a bien, dans Britannicus, la couleur historique répandue dans les discours et les sentiments des personnages ; il y a aussi, çà et là, des détails qui nous font sentir où nous sommes, dans quelle civilisation et dans quel milieu :

Elle a fait expirer un esclave à mes yeux…

Mais, de couleur locale comme l’entendaient les dramaturges et les romanciers de 1830, il n’y en a pas, Dieu merci ! Et c’est une joie de ne trouver, dans Britannicus, ni laticlave, ni rheda, ni lectisternium,