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de l’empire, que Néron n’est qu’un intrus : « … Je dirai tout, tout ! à commencer par l’inceste et le poison. J’irai au camp, je présenterai Britannicus aux soldats. Ils entendront, d’un côté, la fille de Germanicus, et, de l’autre, ce manchot de Burrhus et ce cuistre de Sénèque. On verra ! … » Elle prononce des mots irréparables. Visiblement elle a perdu la tête.

Voilà les traits dont Racine a formé son Agrippine. Tous y sont, excepté les complaisances de la mère pour les plaisirs du fils— et l’abominable geste d’Agrippine « prête à l’inceste » . Cela, Racine l’a retranché, non par timidité d’esprit, mais par pudeur. En revanche, c’est lui qui a imaginé Agrippine guettant, le matin, le réveil de l’empereur, et aussi la confession de la mère au fils.


Et sur Néron aussi, il a su ou osé tout dire ou tout insinuer. Il n’a omis que le trait hideux de Néron adolescent souillant l’enfance de Britannicus. À part cela, tout le « monstre naissant » y est bien.

Son hérédité est indiquée :

Je lis sur son visage Des fiers Domitius l’humeur triste et sauvage.

(On peut voir dans Suétone que son quatrième aïeul, son trisaïeul et son grand-père avaient été déjà des prodiges de méchanceté.) Donc, le fonds hérité est atroce. Toutefois, le monstre n’ayant