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peu de lumières, furent très profondément femmes. Agrippine pareillement.

Elle eut souci, nous dit Tacite, de sa tenue extérieure, et elle ne se prostitua jamais qu’à bon escient. Mais nous voyons que, dans toutes ses entreprises, son sexe fut son principal instrument d’action. Encore enfant, elle se donne au vieux Lépide parce qu’il était riche. Cette orgueilleuse, qui se vantait d’être la seule, jusque-là, qui eût été « fille d’un César, sœur, épouse et mère de César », se donne à l’affranchi Pallas, parce que Pallas a l’oreille de Claude. Pendant des années, avant d’être la femme du vieil empereur, elle est sa maîtresse patiente et soumise. Et plus tard, quand elle sent que Néron lui échappe, vous savez par quels moyens elle essaye de le reprendre… « voluptueusement parée et prête à l’inceste » . (Et cela n’est pas seulement dans Tacite et Suétone, mais était dans Fabius Rusticus et dans Cluvius.)

L’espèce même (outre les moyens) de son ambition fut bien féminine. Elle paraît avoir tenu beaucoup plus aux titres, aux honneurs et à l’argent qu’à la réalité du pouvoir. Elle « régna » pendant quelque temps, mais ce fut Pallas qui gouverna.

Après des années d’intrigues ténébreuses et de crimes secrets, tout à coup, femme encore en cela, aussi insolente et intempérante dans le triomphe qu’elle avait été patiente et tenace dans la lutte, elle n’a rien de plus pressé que de compromettre son ouvrage par la façon inconsidérée dont elle en