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étaient à la porte de Racine, et qu’il s’agissait des Plaideurs, des bourgeois se persuadèrent qu’on venait l’enlever pour avoir mal parlé des juges. Tout Paris le crut à la Conciergerie le lendemain.

Mais, au contraire, les Plaideurs, ayant plu au roi et à la cour, furent repris à la ville avec un très grand succès.

Les Plaideurs, que Racine avait destinés d’abord au Théâtre-Italien, ne sont qu’un amusement, oui, mais d’un génie charmant, et au moment où ce génie était dans toute l’ivresse de sa jeune force. Si l’on considère le dialogue, je ne vois rien, au XVIIe siècle, de cette verve et de cet emportement de guignol presque lyrique. Ce dialogue si rapide et si coupé, je crois bien que nous ne le retrouverons plus (sauf dans Dufresny peut-être) jusqu’au dialogue en prose de Beaumarchais. Et puis, je suis bien obligé de remarquer que cette folle comédie est la seule de ce temps qui vise, non plus seulement des mœurs, mais une institution.

Mais surtout, la forme des Plaideurs est unique. Elle est beaucoup plus « artiste », comme nous dirions aujourd’hui, que celle de Molière. Les Plaideurs sont la première comédie (cela, j’en suis très sûr) où le poète tire des effets pittoresques ou comiques de certaines irrégularités voulues ou particularités de versification : enjambements, dislocation du vers, ou rimes en calembour :

<poem>Et voilà comment on fait les bonnes maisons. / Va, Tu ne seras qu’un sot…</poem