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tenant ce salaire du parti au pouvoir, c’est-à-dire des démagogues, et ce salaire, d’autre part, suffisant mal à les faire vivre, il leur était peu habituel de juger soit avec indépendance, soit avec intégrité. C’était un drôle de gouvernement que celui d’Athènes, car c’était un gouvernement parfaitement démocratique. Il est vrai qu’il n’y avait que vingt mille citoyens environ, mais peut-être cent mille esclaves, et un assez riche domaine public. Cela permettait quelques fantaisies. Néanmoins le régime vécut mal et dura peu.

Racine a pris dans les Guêpes peu de chose en somme : le juge qui saute par la fenêtre et reparaît à la cave ou au grenier, le chien criminel et les larmes de sa famille. Pour le reste, il se contente de l’intrigue traditionnelle des farces italiennes, de celle même des farces de Molière : l’amoureux déguisé en robin et faisant signer un contrat de mariage au vieux plaideur qui croit signer un procès-verbal. C’est l’Amour commissaire, au lieu de l’Amour peintre ou de l’Amour médecin.

Moitié en m’encourageant, moitié en mettant eux-mêmes la main à l’œuvre (ceci se passait au cabaret), mes amis me firent commencer une pièce qui ne tarda pas à être achevée.

Furetière dut fournir quelques traits : ceux qui se trouvent dans son Roman bourgeois (1666). Despréaux apporta la scène de la dispute de Chicaneau et de la comtesse, qui s’était passée sous ses yeux,