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Trois personnages dans Andromaque sont possédés de cet amour-maladie, criminel et meurtrier presque par définition : Hermione et Oreste, malades complets ; Pyrrhus un peu moins fou, parce que l’objet de sa jalousie est un mort et qu’il ne peut donc plus le tuer. Et ces trois déments font d’autant mieux ressortir la beauté morale de la divine Andromaque, dont les deux amours— le conjugal et le maternel— sont purs, sages et « dans l’ordre » ; le premier d’autant plus pur qu’il s’adresse à un souvenir, à une ombre.

Et qu’ils sont vrais, ces quatre personnages, et comme ils vivent ! Et comme, tout en restant des types d’une humanité très générale, ils sont sûrement caractérisés ! « Andromaque, ici, ne connaît point d’autre mari qu’Hector, ni d’autre fils qu’Astyanax. » Ainsi parle Racine dans sa préface. Et il ajoute : « J’ai cru en cela me conformer à l’idée que nous avons maintenant de cette princesse. » ( « L’idée que nous avons maintenant… » nous verrons que cela se peut appliquer à tous les personnages légendaires ou historiques de Racine, et combien cela est raisonnable.) Il continue :

La plupart de ceux qui ont entendu parler d’Andromaque ne la connaissent guère que pour la veuve d’Hector et pour la mère d’Astyanax. On ne croit point qu’elle doive aimer ni un autre mari ni un autre fils.