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de leur livrer le jeune Astyanax. Oreste est le cousin germain d’Hermione. Il aime la jeune fille depuis longtemps et avec passion.

Oreste, donc, s’acquitte de son ambassade. Pyrrhus refuse fièrement de lui livrer le fils de sa captive. Il espère, par là, toucher le cœur d’Andromaque. Et là-dessus, Hermione furieuse promet à Oreste de le suivre. Mais, Andromaque demeurant inexorable, Pyrrhus se ravise (premier revirement) : il promet d’abandonner Astyanax aux Grecs et d’épouser enfin Hermione, laquelle, ivre de joie, lâche brusquement le triste Oreste.

Et, bien que le ton ait été jusqu’ici, tantôt celui de l’élégie et tantôt celui de la comédie dramatique, nous sentons bien que tous trois, Hermione, Oreste, Pyrrhus, possédés d’un aveugle amour, sont promis au crime ou à la folie ; et nous voyons aussi que leur sort est lié aux volontés et aux sentiments de la captive troyenne.

Or, Andromaque, sur le point de perdre son fils, supplie Pyrrhus à genoux et met cette fois dans ses prières un je ne sais quoi qui fait perdre la tête à Pyrrhus. Et Pyrrhus, se ravisant encore, et n’hésitant plus à trahir les intérêts de la Grèce confédérée, propose à Andromaque de l’épouser, de la couronner et d’adopter son fils. Mais, si elle refuse, l’enfant mourra. Et Andromaque, ayant médité sur la tombe d’Hector, accepte la proposition du vainqueur, avec le secret dessein de se tuer après la cérémonie du mariage.