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des crimes, surprend son rival sans défense et l’égorge au pied des autels paternels… »

Cette triste élégie… puis ce coup de couteau… Racine rêve là-dessus ; et c’est de ces vingt vers de Virgile qu’il tirera sa tragédie ; car il n’a à peu près rien emprunté ni aux Troyennes d’Euripide, dont le sujet est le meurtre d’Astyanax, ni à l’Andromaque du même poète, où la veuve d’Hector défend son fils, mais un fils qui est celui d’Hélénus, ni enfin aux Troyennes de Sénèque ; et il dit vrai quand, après avoir cité le passage de Virgile, il écrit dans sa préface : « Voilà, en peu de vers, tout le sujet de cette tragédie. » Je suppose, que vous avez lu les tragédies de Racine. Je ne vous analyserai point l’action d’Andromaque, mais je vous en rappellerai l’essentiel, juste ce qu’il faut pour vous en remettre en mémoire la composition si simple et si liée.

C’est un peu après la prise de Troie. Pyrrhus est rentré en Épire, dans sa ville de Buthrote. Il a eu dans sa part de butin Andromaque, la veuve d’Hector, et son fils, l’enfant Astyanax. Et Pyrrhus aime la belle captive, et ne peut se décider à épouser sa fiancée Hermione, fille d’Hélène, qui est venue à Buthrote sur sa foi, accompagnée d’une petite escorte de ses nationaux.

Or, les rois grecs confédérés, qu’inquiète la faiblesse de Pyrrhus pour sa captive, envoient à Pyrrhus un ambassadeur, Oreste, pour le sommer