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Cependant, on ne sait ce qu’est devenu Porus. (Car, détail bien curieux, Alexandre, dans sa hâte de se venir mettre aux pieds de Cléophile, a quitté la bataille avant la fin.) La reine Axiane se désespère. Elle invective Alexandre ; elle prononce presque les seuls vers de la pièce qui puissent faire supposer qu’il s’agit, après tout, de vraies batailles, de batailles où des milliers d’hommes sont tués et où le sang coule à flots :

Et que vous avaient fait tant de villes captives, Tant de morts dont l’Hydaspe a vu couvrir ses rives ?

Elle invective le vainqueur, mais courtoisement, et sans pouvoir se tenir de l’admirer. Alexandre l’accable de sa générosité et veut lui faire épouser Taxile. Et Taxile vient la relancer ; et Axiane, très convenablement cornélienne, lui dit son fait :

(Tu veux servir ; va, sers, et me laisse en repos)

et qu’elle adore Porus. Sur quoi Taxile court à la bataille, rejoint Porus, le provoque et est tué par lui. À la fin, Porus, décidément vaincu, est amené devant Alexandre. Alexandre pardonne à tout le monde ; il marie Porus et Axiane et leur laisse leurs deux royaumes. Et tout le monde se réconcilie ; et Axiane elle-même dit à Cléophile :

Aimez et possédez l’avantage charmant
De voir toute la terre adorer votre amant.

Et Porus :

Seigneur, jusqu’à ce jour l’univers en alarmes
Me forçait d’admirer le bonheur de vos armes ;