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empire ne peut être gouverné sans que nous lui imposions quelques-uns de nos usages et que nous en empruntions d’eux quelques autres.

Et voici de quelle élégante et spirituelle façon il s’exprime, avec un sourire, sur sa divinité :

Ç’a été une chose presque risible d’entendre Hermolaüs me demander de renier Jupiter dont l’oracle me reconnaît. Suis-je donc maître aussi des réponses des dieux ? Jupiter m’a honoré du nom de son fils ; en l’acceptant, je n’ai pas nui, ce me semble, à l’œuvre où nous nous sommes engagés. Plût au Ciel que les Indiens me regardassent aussi comme un dieu ! Car, à la guerre, la renommée fait tout, et souvent une croyance erronée a été aussi efficace que la vérité.

L’autre morceau remarquable de ce VIIIe livre de Quinte-Curce, c’est la bataille de l’Hydaspe. C’est une bataille colorée, et on peut dire « amusante », par le stratagème d’Alexandre qui installe à un endroit de la rive sa tente, sa garde particulière et son sosie, Arbate, habillé de vêtements royaux, pendant que lui-même traverse le fleuve beaucoup plus bas ; amusante aussi et pittoresque par les chars de guerre et par des traits de ce genre :

Ce qu’il y avait de plus effrayant, c’était de voir les éléphants saisir avec leurs trompes les armes et les hommes, et les livrer, par-dessus leur tête, à leur conducteur.

Ou encore :

Porus, accablé à la fin, commença à glisser en bas de sa monture. L’Indien, conducteur de l’éléphant,