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avec des Celtes et des Ibères. Alexandre veut, de propos délibéré, rapprocher et mêler les peuples. Plutarque dit splendidement à propos des dix mille mariages célébrés à la fois :

Comme dans une coupe d’amour se mêlaient la vie et les mœurs des différentes races ; et les peuples, en y buvant, oubliaient leur vieille inimitié. (De la fortune d’Alexandre, I, 6.)

Il veut « tout conquérir pour tout élever » . Et sans doute, mort en plein triomphe, à trente-trois ans, d’une série d’orgies dignes d’Hercule, il ne réussit pas tout à fait dans son énorme et magnanime entreprise. Mais toutefois il vaut mieux pour l’univers, semble-t-il, qu’Alexandre soit venu. Malgré tout, les peuples parcourus et conquis par lui gagnèrent plus qu’ils ne perdirent à son passage.

Des routes nouvelles, des ports, des chantiers, des places de refuge ou d’étape ouverts au commerce ; d’immenses richesses, jadis immobilisées dans les trésors des rois asiatiques, maintenant jetées dans la circulation ; la civilisation grecque portée sur mille points de l’Asie ; un nouveau monde révélé à la Grèce ; les peuples, les idées, les religions, mêlés dans un commencement d’unité d’où pouvait sortir une société nouvelle, si l’ouvrier de ce grand œuvre eût vécu. (Victor Duruy.)

Tout cela est merveilleux, quoique inachevé ; et il en est resté quelque chose, ne serait-ce que la délicieuse Alexandrie— et le souvenir de la plus extraordinaire peut-être des aventures