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les points, entre les deux personnages (quoiqu’il y en ait peut-être entre la Nouvelle Héloïse et le théâtre de Racine, père indirect du roman passionnel).

Ce qui est sûr, c’est que je suis content de n’avoir plus à examiner et à juger les idées. Dans l’art pur et dans la connaissance des âmes et des mœurs, — qui fut une des occupations du XVIIe siècle, — on peut arriver à quelque chose de solide et de définitif : dans la philosophie ou la critique ou les sciences politiques et sociales, je ne sais pas. Il y a tel écrivain du XIXe siècle qui vous paraît peut-être plus intelligent que Racine, ou qui, du moins, a su plus de choses que lui, et qui, en outre, s’est donné des libertés sur des points où Racine s’est contenu et abstenu. Mais, au bout du compte, si les philosophes et les critiques nous retiennent, c’est moins par la somme assez petite de vérité qu’ils ont atteinte que par les jeux— quelquefois ignorés d’eux-mêmes— de leur sensibilité et de leur imagination et par le caractère de beauté de leurs ouvrages. Oh ! que je suis heureux que Racine n’ait pas été un « esprit fort », ce qu’on appelle vaniteusement un « penseur », qu’il n’ait été savant qu’en grec, et qu’il n’ait cherché qu’à faire de belles représentations de la vie humaine !

À cause de cela nous l’aimons aujourd’hui, je pense, plus qu’on n’a jamais fait.

Et cependant on l’a beaucoup aimé déjà au XVIIe siècle (aimé autant que haï). Il a eu