enfants et petits-enfants devinrent autant de sangsues, dont le moindre mal qu’ils fissent à Thérèse était de la voler. La pauvre fille, accoutumée à fléchir, même sous ses nièces, se laissait dévaliser et gouverner sans mot dire ; et je voyais avec douleur qu’épuisant ma bourse et mes leçons, je ne faisais rien pour elle dont elle pût profiter. J’essayai de la détacher de sa mère ; elle y résista toujours. Je respectai sa résistance et l’en estimai davantage ; mais son refus n’en tourna pas moins à son préjudice et au mien. Livrée à sa mère et aux siens, elle fut à eux plus qu’à moi, plus qu’à elle-même. Leur avidité lui fut moins ruineuse que leurs conseils ne lui furent pernicieux. Enfin, si, grâce à son bon naturel elle ne fut pas tout à fait subjuguée, c’en fut assez du moins pour empêcher en grande partie, l’effet des bonnes maximes que je m’efforçais de lui inspirer… Les enfants vinrent ; ce fut encore pis. Je frémis de les livrer à une famille si mal élevée pour en être élevés encore plus mal. Les risques de l’éducation des enfants trouvés étaient beaucoup moindres. Cette raison du parti que je pris, plus forte que toutes celles que j’énonçai dans ma lettre à madame de Francueil, fut pourtant la seule que je n’osai lui dire. J’aimai mieux être moins disculpé d’un blâme aussi grave et ménager la famille d’une personne que j’aimais.
Sur quoi Émile Faguet, qui s’est occupé de la question dans le Journal des Débats du 18 juin 1906, conclut ainsi :
« Ou je me fais bien illusion, ou, pour qui sait lire, cela veut dire : Absolument subjuguée par une famille de bandits qu’elle aima toujours plus que moi, Thérèse se privait pour eux et me volait et dépouillait pour eux. Vous comprenez bien