(Thérèse approchait alors de la cinquantaine), nous interrompait quelquefois par quelques questions saugrenues qu’elle faisait sur son linge ou sur la soupe : il lui répondait avec douceur et aurait ennobli un morceau de fromage s’il en avait parlé. » — Et Corancez, l’un des fondateurs du Journal de Paris, Corancez, qui avait épousé la fille d’un Genevois ami de Jean-Jacques, Corancez qui a connu intimement Jean-Jacques dans ses dernières années, nous dit expressément : « Il n’avait de confiance qu’en elle. »
D’autre part, Thérèse, sans doute, bien des fois lui nuisit malgré elle. D’abord elle avait sa mère, qui jouait à la dame, et qui était fort rapace. Rousseau nous dit :
Sitôt qu’elle se vit un peu remontée par mes soins, elle fit venir toute sa famille pour en partager le fruit. Soeurs, fils, filles, petites-filles, tout vint, hors sa fille aînée mariée au directeur des carrosses d’Angers. Tout ce que je faisais pour Thérèse était détourné par sa mère en faveur de ses affamés.
Et plus loin :
Il était singulier que la cadette des enfants de madame Levasseur (Thérèse), la seule qui n’eût point été dotée, était la seule qui nourrissait son père et sa mère, et qu’après avoir été longtemps battue par ses frères, par ses soeurs, même par ses nièces, cette pauvre fille en était maintenant pillée, sans qu’elle pût mieux se défendre de leurs vols que de leurs coups.
Il en faut conclure que Thérèse était une assez