Enfin, — et pour achever l’énumération de tous les hommes qu’il porte en lui, — s’il y a chez Jean-Jacques un protestant né, il ne faut pas oublier qu’il y a aussi un catholique.
Il se convertit au catholicisme, — encore presque enfant, il est vrai, — pour obéir à la belle dame d’Annecy et pour sortir de la misère. Peut-être exagère-t-il après coup (mais je n’en sais rien) ses scrupules et ses hésitations au moment de quitter sa religion natale. Peut-être aussi, à propos de l’histoire de l’abominable Maure, — écrivant à trente-cinq ans de distance, — exagère-t-il, par un retour d’antipapisme, le cynisme de l’administrateur de l’hospice des Catéchumènes, et surtout l’étrange placidité de l’ecclésiastique qui se trouve là. Mais après tout je n’en sais rien. Ce qui m’étonne le plus, c’est que, une fois converti, on le mette dehors avec vingt francs dans la main et sans plus s’occuper de lui. Car quel intérêt avait le clergé à faire des convertis, si ce n’était pour se faire des créatures et, par conséquent, les suivre et les aider ? Il est vrai que les plus pieuses institutions peuvent devenir purement mécaniques et dégénérer jusqu’à oublier leur objet.
Mais, quoi qu’il en soit de tout cela, une chose est sûre : c’est que Jean-Jacques a été catholique pendant vingt-six ans (de 1728 à 1754), et qu’il a vécu, les dix premières années, dans une atmosphère purement catholique. Il passe deux mois environ au grand séminaire d’Annecy pour être prêtre.