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jusqu’à Rousseau, ne l’ont presque pas connu. Montaigne lui-même n’est indiscret qu’à la façon d’Horace, par exemple. Il ne se confesse pas tout entier, ni toujours (il s’en faut de beaucoup) ; et tous ses aveux se rapportent à des observations générales sur la nature humaine.

Rousseau, par ses Confessions, a véritablement inauguré le genre et l’a, du premier coup, réalisé totalement. Personne ne se confessera plus comme s’est confessé Jean-Jacques.

Je vous ai, dans ma première leçon, parlé de ce livre unique. J’ajoute une réflexion. Rousseau a commencé les Confessions à Motiers en 1762, sur l’exhortation d’un libraire et d’abord dans une pensée d’apologie. S’il n’avait pas été persécuté, il ne les aurait peut-être pas écrites. S’il ne les avait pas écrites, d’abord il serait moins illustre ; puis, nous le connaîtrions moins ; nous ne saurions pas ses hontes, ni l’abandon de ses enfants ; ou du moins nous n’en serions nullement sûrs ; et enfin, son chef-d’œuvre nous manquant et, par suite, l’étrange attrait de sa renommée étant moindre, l’action de ses autres écrits n’eût peut-être pas été aussi puissante. — Voilà, direz-vous, des hypothèses bien vaines. — Attendez. Comme il y a beaucoup d’imprévu et d’aventure dans la vie de Rousseau et que son œuvre est liée à sa vie, il y en a beaucoup aussi dans les causes qui l’ont déterminé à écrire tel ou tel de ses livres (je vous l’ai fait remarquer vingt fois). Il n’a tenu