Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec aussi peu d’agitation, il semblait prendre sa place plutôt qu’usurper celle d’autrui.

Puis, il parle… et :

On sentait que le langage de la vérité ne lui coûtait rien, parce qu’il en avait la source en lui-même.

Sur la messe même, le « vicaire savoyard », qui continue de la célébrer, s’exprime ainsi dans la Profession de foi :

…Quand j’approche du moment de la consécration, je me recueille pour la faire avec toutes les dispositions qu’exige l’Église et la grandeur du sacrement ; je tâche d’anéantir ma raison devant la suprême intelligence ; je me dis : Qui es-tu pour mesurer la puissance infinie ? Je prononce avec respect les mots sacramentaux, et je donne à leur effet toute la foi qui dépend de moi. Quoi qu’il en soit de ce mystère inconcevable, je ne crains pas qu’au jour du jugement je sois puni pour l’avoir jamais profané dans mon cœur.

Tout cela n’est pas la foi entière, et n’est donc pas la foi. Mais ce n’est pas non plus la négation. C’est d’un homme qui se souvient d’avoir cru. Beaucoup de prêtres en France savaient du moins gré à Rousseau de n’avoir jamais écrit une parole blasphématoire.

Retournons au Rousseau de 1762-1766.

Jamais il n’a été plus éloquent ni plus émouvant que dans ses professions de foi religieuses de ce temps-là ; jamais il n’a été plus sage que dans ces consultations qu’il donnait aux âmes troublées :