verneur et le père. Les voyageurs séchés, on se met à table. On cause ; le père de Sophie est amené à raconter ses malheurs, et les consolations qu’il a trouvées dans son épouse :
Émile, ému, attendri, cesse de manger pour écouter. Enfin, à l’endroit où le plus honnête des hommes s’étend avec plus de plaisir sur l’attachement de la plus digne des femmes, le jeune voyageur, hors de lui, serre une main du mari qu’il a saisie, et de l’autre prend aussi la main de la femme, sur laquelle il se penche avec transport en l’arrosant de ses pleurs…
(Tableau à la Diderot et à la Greuze. Vous connaissez, et nous avons défini, à propos de la Nouvelle Héloïse, ce genre de sensibilité.)
…Sophie, le voyant pleurer, est prête de mêler ses larmes aux siennes… La mère voit sa contrainte, et l’en délivre en l’envoyant faire une commission.
Ici, écoutez bien, nous approchons d’un coup de théâtre :
Une minute après, la jeune fille rentre, mais si mal remise que son désordre est visible à tous les yeux. La mère lui dit avec douceur : — Sophie, remettez-vous… A ce nom de Sophie (vous vous rappelez que c’est ainsi qu’il nommait sa chimère), à ce nom de Sophie, vous eussiez vu tressaillir Émile. Frappé d’un nom si cher, il se réveille en sursaut, et jette un regard avide sur celle qui le porte, etc.
Vous pensez peut-être qu’arrivé là, le gouverneur du jeune homme va le laisser enfin tranquille. Oh ! que non pas ! Le gouverneur juge à propos, vu la