Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, peu de temps après, Wolmar demande à Saint-Preux d’être le précepteur de ses enfants.

Une autre fois, comme ils visitent ensemble un nouveau jardin que les Wolmar ont fait aménager : « Je n’ai qu’un reproche à faire à votre Élysée, dit Saint-Preux en regardant Julie : c’est d’être un amusement superflu. A quoi bon vous faire une nouvelle promenade, ayant de l’autre côté de la maison des bosquets si charmants et si négligés ? » (Vous vous rappelez le baiser échangé jadis dans un de ces bosquets ?). Alors M. de Wolmar intervenant : « Jamais ma femme depuis son mariage n’a mis les pieds dans les bosquets dont vous parlez. J’en sais la raison, quoiqu’elle me l’ait toujours tue. Vous qui ne l’ignorez pas, apprenez à respecter les lieux où vous êtes ; ils sont plantés par les mains de la vertu. » — Quelle « santé », ce Wolmar !

Wolmar en donne d’autres témoignages. Un jour, il leur annonce qu’il va s’absenter une semaine, et qu’il lui plaît qu’ils restent ensemble.

Pendant son absence, au cours d’une promenade en barque, les deux amants subissent une assez forte tentation, dont ils triomphent, naturellement. A part cela, ils passent leur temps à déplorer ensemble l’incrédulité de Wolmar, homme parfait, mais athée. Et ce souci commun de l’âme de Wolmar est encore un lien de plus de Julie avec son ancien amant, et qui pourrait devenir dangereux si, à ce moment-là, ils avaient des corps…