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d’Houdetot) ; et cela est souvent ridicule, et cela est souvent ennuyeux. Et je suis content d’en être sorti : car ce qui viendra après sera fort beau d’abord, et ensuite un peu fou, mais toujours intéressant.

Les deux amants séparés, l’un à Paris, l’autre à Vevey, Rousseau se demande ce qu’il va faire de Julie. Notez que, précisément à ce moment-là, son artificielle passion pour madame d’Houdetot est fort calmée. — Je ne pense pas que l’idée lui soit venue un seul instant de marier, après quelques péripéties, Saint-Preux et son élève : ce dénouement serait par trop fade. — Non : mais, arrivé là, il se ressouvient de son rôle de réformateur des mœurs et de professeur de vertu. Et pourquoi disons-nous « son rôle » ? Il n’était pas modeste, il se connaissait lui-même très incomplètement, mais il avait fini par être sincère dans son projet de réforme et de perfectionnement intérieur. Sa propre vie, quand nous l’embrasserons dans son ensemble, nous apparaîtra comme une évolution, comme un effort, souvent plein d’illusions, mais enfin comme un effort vers la vertu, comme une lente sortie hors de sa fange première, comme une montée que n’arrêtera point sa folie peu à peu croissante ; au contraire.

Et alors (j’en suis persuadé) il a l’idée de rapprocher la vie de Julie de la sienne. Julie aussi est un être malheureux et faible, qui a mal commencé. Eh bien, sa vie, comme celle de Rousseau, sera