froid lord Édouard, en contraste avec le faible et ardent Saint-Preux. — Cadre : le paysage que Jean-Jacques aime et connaît le mieux : les bords du lac Léman.
Le roman sera par lettres, pour plus de commodité, pour que l’auteur y puisse déborder à son gré, et parce que la forme oratoire ou lyrique (discours ou effusions) est celle qui lui est le plus naturelle. Le roman procédera un peu de la Clarisse Harlowe de Richardson, et un peu, très peu, de la Marianne de Marivaux. Ajoutez, si vous voulez, de vagues et très indirects souvenirs des romans du XVIIe siècle qu’il lisait, enfant, avec son père.
Mais, pour que la séduction de Julie soit plus vraisemblable, l’auteur prête à Saint-Preux une condition sociale un peu plus relevée que n’était celle de Jean-Jacques à Turin. Saint-Preux est un jeune bourgeois, d’état civil incertain, — instruit, intelligent, — d’ailleurs seul au monde, comme Ruy Blas, Didier et leurs frères romantiques ; plébéien juste assez pour que le préjugé social s’oppose à ce qu’il épouse Julie. — D’autre part, Julie a été élevée par une servante qui était une commère assez cynique. — En l’absence du baron, la baronne d’Étanges, étrangement imprudente, a prié Saint-Preux de donner des leçons à Julie. Saint-Preux à vingt ans, Julie en a dix-huit. On prévoit ce qui arrivera.
Cela ne tarde pas beaucoup. Après quelques lettres fort longues et une résistance assez courte,