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Genève, où l’on commence à être fier de lui. Il dédie le Discours sur l’inégalité à « la République de Genève ». Il n’avait plus la foi catholique, si jamais il l’avait eue intégralement. Jugeant qu’un homme doit croire en Dieu et, pour le reste, suivre la religion de sa patrie, il s’en va à Genève pour y rentrer publiquement dans la religion protestante et y reprendre son titre de citoyen ; et il a la joie de revenir en triomphateur dans cette ville d’où il s’était échappé, vagabond de seize ans, vingt-six années auparavant.

En allant à Genève, il avait passé par Chambéry et revu madame de Warens :

Je la revis. Dans quel état, mon Dieu ! Quel avilissement ! Que lui restait-il de sa vertu première ?… Je lui réitérai vivement et vainement les instances que je lui avais faites plusieurs fois dans mes lettres de venir vivre paisiblement avec moi, qui voulais consacrer mes jours et ceux de Thérèse à rendre les siens heureux.

Quel charmant tableau ! Et plus loin, il nous fait ce petit récit, où il apparaît que Thérèse aussi était une « femme sensible » :

Durant mon séjour à Genève, madame de Warens fit un voyage en Chablais et vint me voir à Grange-Canal. Elle manquait d’argent pour achever son voyage ; je n’avais pas sur moi ce qu’il fallait pour cela ; je le lui envoyai une heure après par Thérèse. Pauvre maman ! Que je dise un trait de son cœur. Il ne lui restait pour dernier bijou qu’une petite bague ; elle l’ôta de son doigt pour la mettre à celui de Thérèse,