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ment qu’il connaisse, il l’emploie à divers usages, dont, par le défaut d’exercice, les nôtres sont incapables ; et c’est notre industrie qui nous ôte la force et l’agilité que la nécessité l’oblige d’acquérir. S’il avait eu une hache, son poignet romprait-il de si fortes branches ? S’il avait eu une fronde, lancerait-il de la main une pierre avec tant de roideur ? S’il avait eu une échelle, grimperait-il si légèrement sur un arbre ? S’il avait un cheval, serait-il si vite à la course ?

Donc (et je ne force point la pensée de Rousseau, et je n’en tire que la conséquence la plus proche), hache, fronde, échelle, domestication du cheval, autant d’inventions tout à fait regrettables. L’homme naturel ne peut pas faire un seul progrès sans déchoir.

Il plaît ensuite à Rousseau d’affirmer que l’homme à l’état sauvage n’a pour ainsi dire pas de maladies ni d’infirmités, et que la mort lui vient presque toujours par la vieillesse. (Lucrèce n’est pas de cet avis. Il dit que les premiers hommes « ne mouraient pas beaucoup plus que les civilisés », non nimio plus. Donc, ils mouraient au moins autant.)

Jean-Jacques poursuit :

La plupart de nos maux sont notre propre ouvrage, et nous les aurions presque tous évités en conservant la manière de vivre simple, uniforme et solitaire qui nous était prescrite par la nature.

« Solitaire », car il nous explique ailleurs que l’homme de la nature ne s’embarrasse pas d’une