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IMPRESSIONS DE THÉATRE.

approuverait cette détente et ces divertissements.

Au reste, remarquez ceci, je vous prie. Si les chansons dites classiques vous paraissent supérieures à celles d’à présent, c’est sans doute qu’elles le sont, mais c’est aussi qu’on ne vous sert que les meilleures. En réalité on en a fait, autrefois comme à présent, un nombre infini d’infiniment plates. Il y en a de telles, même parmi les plus applaudies de ces vieilles chansons. Si l’air n’en était tendre et joli, encore qu’un peu traînant et geignard, on s’apercevrait peut-être que la fameuse romance du Temps des cerises est écrite dans le plus pur charabia :

Et dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne pourrait jamais fermer ma douleur.

Et c’est tout le temps comme cela. Les romances d’aujourd’hui ne peuvent pas être plus bizarrement écrites. Car, ne l’oubliez pas, on écrit encore beaucoup de romances aujourd’hui, — et toujours les mêmes romances, avec des fleurs, des oiseaux, tantôt avec des mélancolies de poitrinaires, tantôt avec la philosophie de Lisette et de Musette. Et cela prend toujours, et toujours il y a de grosses femmes — et même des petites — qui « se sentent tout chose », et de braves bourgeois de Paris qui deviennent pensifs à les entendre. C’est encore, je crois, l’éternelle et immuable romance qui a le plus de succès dans les cafés-concerts, — avec les « scies » et les chansons proprement parisiennes.

De ces dernières, il y en a, je vous assure, qui ne