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I. De Mélite au Cid.

Dans ses premières comédies, il ne se soucie nullement de l’unité de jour et de lieu, et pour cause. « Cette pièce, dit-il à propos de Mélite, n’a garde d’être dans les règles, puisque je ne savais pas alors qu’il y en eût. » Puis il parle de la « nouveauté de ce genre de comédie dont il n’y a point d’exemple dans aucune langue ». Il est content de lui ; il affecte l’air dégagé, fringant, voire impertinent. « Il est permis de croire, écrit-il. que les anciens n’ont pas tout su. » — « Que si j’ai renfermé Clitandre dans la règle d’un jour, ce n’est pas que je me repente de n’y avoir point mis Mélite ou que je sois résolu de m’y attacher dorénavant. » C’est à dessein qu’il donne à la Veuve et à la Galerie du Palais une durée de cinq jours consécutifs. Et, s’il enferme Clitandre dans les vingt-quatre heures, écoutez de quel ton il s’en explique. Clitandre n’a été pour lui qu’une bravade : « J’entrepris de faire une pièce régulière, mais qui ne vaudrait rien du tout. « Il faut dire qu’il y a réussi. Mais vous voyez le cas qu’il faisait des règles ! L’Illusion n’est antérieure au Cid que de quelques mois. Il nous la donne lui-même pour « une galanterie extravagante ». « Le premier acte est un prologue. Les trois suivants forment une pièce que je ne sais comment nommer… Le cinquième est une courte tragédie… Tout cela,