Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

persanes, à plus forte raison du meilleur Saint-Lambert des Fables orientales. C’est dans le même esprit que Chactas assiste aux fêtes de Versailles, visite l’Académie, le Palais de Justice, etc… Le palais de Versailles lui inspire des propos de ce genre : « Ce palais n’a-t-il coûté ni sueurs ni larmes ? Ah ! qu’il serait grand ici, le bruit des pleurs, si jamais il commençait à se faire entendre ! » Chactas voit passer une chaîne de protestants condamnés aux galères ; il assiste à la pendaison d’un pasteur condamné à mort pour rupture de ban. (« La mort le lia par la cime, comme une gerbe moissonnée. ») Chactas est aussi abondant que le Huron contre la révocation de l’Édit de Nantes et les dragonnades.

À vrai dire, c’est entièrement, c’est absolument l’esprit de Voltaire. Chateaubriand rassemble autour de son sauvage tous les grands hommes et toutes les femmes charmantes du siècle de Louis XIV ; et l’homme de la nature démêle et admire les avantages et la douceur d’une société brillante. La Bruyère lui fait un petit résumé des absurdités et des gloires du siècle. Puis Fénelon, ce Fénelon tant aimé des philosophes, lui fait la plus suave apologie de la civilisation, à qui nous devons les arts, et aussi des vertus nouvelles. « Si les vertus sont des émanations du Tout-Puissant ; si elles sont nécessairement plus nombreuses dans l’ordre social que dans l’ordre naturel, l’état de la société qui nous rapproche davantage de la Divinité est donc