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ne fait

 qu’ajouter aux félicités qu’on y goûte.

Comment cela ? Quel est ce sadisme angélique ? Mystère.

Les deux saintes continuent leur chemin. Tantôt « elles s’ouvrent une voie au travers des sables d’étoiles ; tantôt elles coupent les cercles ignorés où les comètes promènent leurs pas vagabonds. » Elles frôlent l’essieu commun de tous les univers créés… « À distance égale, le long de cet axe, sont assis trois esprits sévères : le premier est l’ange du passé ; le second, l’ange du présent ; le troisième, l’ange de l’avenir. Ce sont ces trois puissances qui laissent tomber le temps sur la terre : car le temps n’entre point dans le ciel et n’en descend point. » Qu’est-ce à dire ? « Ces choses-là sont rudes », pour parler comme Victor Hugo.

Les saintes traversent les régions platoniciennes où sommeillent les âmes qui n’ont pas encore subi la vie mortelle. Elles arrivent enfin à la Jérusalem céleste. Là elles rencontrent le bienheureux Las Cases et les martyrs canadiens, qui se pressent sur les pas des deux vierges. Le roi saint Louis se joint à eux. Et tout le cortège « va chercher le trône de Marie ».

Ici, une chose extraordinaire et jolie (d’ailleurs conforme au dogme) : « Seule de tous les justes, Marie a conservé un corps. » Elle a seule un corps parmi les saints, dont les corps attendent dans la terre