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prodigieux et, proprement, d’horreurs.

Je crois qu’on lit fort peu les Natchez, car ce n’est pas une joie ; je crois qu’on les lit encore moins que le reste de l’œuvre de Chateaubriand (les Mémoires exceptés, bien entendu). Il n’est donc pas inutile que je vous fasse, de la fable, un petit exposé, qui sera court, et très simplifié, je vous en préviens : car ce récit de 580 fortes pages est faiblement ordonné, assez souvent confus et quelque peu obscur, et plein d’effets répétés.

René, venant du Fort Rosalie (qui est un poste français) arrive chez les Natchez pour se faire sauvage. Il se présente au vieux sachem Chactas, qui lui demande son histoire. « Mais le frère d’Amélie répond d’une voix troublée : Indien, ma vie est sans aventures, et le cœur de René ne se raconte point. » Il supplie Chactas de le faire admettre au nombre des guerriers Natchez et de l’adopter lui-même pour son fils. Chactas y consent et offre à René « la calebasse de l’hospitalité, où six générations avaient bu l’eau d’érable ». Puis, c’est le calumet de la paix, et la chanson de l’hospitalité « dansée par une jeune fille aux bras nus ». Et tout ceci n’est pas sans grâce et rappelle, avec d’autres rites, les scènes de l’Odyssée où l’hospitalité est offerte aux voyageurs.

Or, au même moment, le capitaine français Chépar, qui commande le Fort Rosalie, vient passer une revue de ses troupes tout près du village des Natchez,