Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

fit paraître dans l’édition de ses œuvres complètes (1836).

   *    *    *    *    *

Je devrais peut-être vous parler de René dès aujourd’hui : mais, si je le faisais, les Natchez vous paraîtraient ensuite d’un intérêt un peu languissant ; et, d’ailleurs, si la première version de René doit être antérieure aux Natchez, comme je le montrerai, la version parfaite, celle que nous possédons leur est certainement postérieure. Au surplus, je réserverai, dans les Natchez, la plus grande partie de ce qui se rapporte à cet étrange René et au développement de son caractère.

Donc, parlons des Natchez. C’est l’œuvre d’un jeune disciple de Rousseau, qui a vu du pays ; c’est un poème épique ; c’est un roman historique et exotique ; c’est un conte philosophique ; c’est je ne sais quoi encore. Cela fait songer, un assez long moment, au Huron de Voltaire, et à toutes les histoires de sauvages et d’hommes de la nature qui ont charmé le dix-huitième siècle ; cela fait penser quelquefois, pour le « style poétique », aux Incas de Marmontel ; pour le « merveilleux » à Milton et à Klopstock ; et enfin, pour la mélancolie et le goût de la tristesse, à certaines lettres du jeune Saint-Preux dans la Nouvelle Héloïse, et à Werther, paru en 1774. C’est d’ailleurs, quant aux événements, et sauf les quatre livres du voyage de Chactas en Europe, une série presque ininterrompue de malheurs