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Essai parut en 1797 ; les notes marginales sont probablement de 1798. Il est important de savoir que Chateaubriand a pensé ainsi, qu’il a été incrédule et révolté, et à peu près nihiliste, non par une passagère chaleur du sang, mais avec insistance et réflexion pendant plusieurs années de sa jeunesse, et jusqu’à la veille du moment où il conçut le Génie du christianisme.

Plus tard, en 1811, à l’occasion de son élection à l’Académie, ses ennemis rappelleront qu’il pensa comme les encyclopédistes. On opposera l’incroyance de l’homme aux théories de l’écrivain religieux ; on parlera d’hypocrisie. Chateaubriand laissera le soin de sa défense à un jeune homme, Damaze de Raymond.

Mais en 1826, en pleine Restauration, sans nécessité, il me semble, et même au risque de troubler des âmes en faisant connaître davantage un livre qu’il réprouvait, il donne lui-même une réédition de l’Essai sur les Révolutions. Il y met une habile préface où il explique dans quelles conditions l’ouvrage a été écrit, où il en montre les contradictions et où il exagère quelque peu ce qui s’y trouve encore de christianisme. Il accompagne le texte de notes très nombreuses et fort plaisantes. Il se critique, se réfute, se condamne, se gourmande et se raille avec beaucoup de bonne grâce et un air de charmante franchise. Il a, sur sa vanité et sa fatuité de jeune homme, des réflexions piquantes (